Fiche pratiques

Zoom sur l’AVC en France : un défi de santé publique

L’Accident Vasculaire Cérébral (AVC) est l’une des principales causes de mortalité et de handicap en France. Ce fléau de santé publique requiert une prise en charge rapide et efficace pour limiter ses conséquences souvent dévastatrices. 

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L’AVC une pathologie très fréquente

En France, environ 140 000 personnes sont victimes d’AVC chaque année

1 AVC survient toutes les 4 minutes

– En 2030, 1 personne sur 6 aura un AVC dans sa vie

– 1ère cause de décès chez la femme

– 1ère cause de handicap acquis de l’adulte

– 2ème cause de démence & 3ème cause de déclin intellectuel

Chaque année 10 000 à 15 000 personnes de moins de 45 ans en pleine activité voient leur vie bouleversée par un Accident Vasculaire Cérébral.

Après un AVC : 1 personne sur 5 décède dans le mois qui suit

  • Les 3/4 des survivants en gardent des séquelles définitives
  • 1/3 devient dépendant
  • 1/4 ne reprendra jamais d’activité professionnelle
  • 1/4 des patients qui ont fait un AVC sont dépressifs

Les deux grands types d’AVC

Il existe deux grands types d’AVC, chacun ayant des causes et des traitements spécifiques :

  1. L’AVC ischémique
    Il représente environ 80% des cas. Il est causé par un caillot sanguin qui bloque une artère cérébrale, privant ainsi une partie du cerveau d’oxygène et de nutriments. Ce type d’AVC survient souvent à la suite d’une athérosclérose (durcissement des artères) ou d’une embolie.
  1. L’AVC hémorragique
    Il est moins fréquent (environ 20% des cas), mais généralement plus grave. Il se produit lorsqu’un vaisseau sanguin dans le cerveau se rompt, provoquant une hémorragie cérébrale. Les causes principales incluent l’hypertension artérielle non contrôlée et les anomalies vasculaires comme les anévrismes.

Facteurs de risque : Les ennemis du cœur et du cerveau

Les facteurs de risque de l’AVC sont nombreux, et beaucoup d’entre eux sont modifiables par des changements de mode de vie ou des traitements médicaux.

      Les facteurs de risque sur lesquels on ne peut pas agir 

  • L’âge : Le risque d’AVC augmente avec l’âge, surtout après 55 ans.
  • Le sexe : Les hommes sont plus à risque de faire un AVC à un jeune âge, mais les femmes sont plus touchées après la ménopause.
  • Les antécédents familiaux : Avoir un proche ayant subi un AVC augmente le risque.
  • Les origines ethniques : Certaines populations, comme les personnes d’origine africaine ou caribéenne, sont plus susceptibles de développer un AV
  • Les antécédents médicaux personnels : Un précédent AVC, une attaque ischémique transitoire (AIT), ou certaines maladies cardiaques comme la fibrillation auriculaire augmentent le risque d’AVC.
    Le risque d’AVC est en moyenne multiplié par 5 en cas de fibrillation auriculaire. Après 60 ans, elle est responsable plus de 30% des infarctus cérébraux.

    Les facteurs de risque sur lesquels on peut agir 

  • Hypertension artérielle : C’est le principal facteur de risque d’AVC, en particulier pour les AVC hémorragiques.
  • Tabagisme : Le tabac contribue à l’athérosclérose et augmente le risque d’AVC.
  • Diabète : Le diabète, surtout lorsqu’il est mal contrôlé, peut endommager les vaisseaux sanguins et accroître le risque d’AVC.
  • Hypercholestérolémie : Des niveaux élevés de cholestérol LDL favorisent la formation de plaques dans les artères.
  • Sédentarité et obésité : Le manque d’activité physique et l’excès de poids augmentent plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires.
  • Consommation excessive d’alcool : Une consommation régulière d’alcool en grande quantité peut entraîner une hypertension et des troubles du rythme cardiaque,

AVC : les symptômes à ne jamais ignorer !

Lorsqu’un AVC frappe, chaque minute est précieuse.

Les signes à surveiller sont :

  • Une paralysie soudaine d’un côté du corps, souvent au niveau du visage, du bras ou de la jambe,
  • Des troubles de la parole (difficulté à parler ou à comprendre),
  • Une perte de vision d’un œil, et des maux de tête violents et soudains.
  • Si vous ou quelqu’un autour de vous présente ces symptômes, appelez immédiatement les secours. 

Pourquoi de plus en plus de femmes sont touchées ?

Le nombre de femmes touchées par l’AVC est en augmentation, et plusieurs facteurs expliquent cette tendance :

  • Espérance de vie plus longue : Les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les hommes, et l’âge avancé est un facteur de risque majeur d’AVC.
  • Effet protecteur des hormones en baisse : Avant la ménopause, les hormones œstrogènes offrent une certaine protection contre les maladies cardiovasculaires. Après la ménopause, la baisse des œstrogènes augmente le risque d’AVC.
  • Contraception hormonale : Certaines pilules contraceptives, en particulier celles à forte dose d’œstrogènes, peuvent légèrement augmenter le risque d’AVC, surtout chez les femmes qui fument ou qui ont une hypertension.
  • Grossesse et complications : La grossesse et des conditions telles que la prééclampsie ou le diabète gestationnel augmentent temporairement le risque d’AVC chez les femmes.
  • Facteurs psychosociaux : Le stress chronique, la dépression et d’autres troubles psychologiques, plus fréquents chez les femmes, sont également liés à un risque accru d’AVC.

Traitements actuels : entre efficacité et rapidité

La prise en charge de l’AVC repose sur deux piliers essentiels : la rapidité d’intervention et l’efficacité des traitements. Lorsqu’un AVC ischémique survient, il est crucial de rétablir la circulation sanguine dans le cerveau le plus vite possible pour limiter les lésions.

  • Le traitement de référence, la thrombolyse, consiste en l’injection d’un médicament visant à dissoudre le caillot sanguin. Ce traitement doit être administré dans les 4 heures et demie suivant les premiers symptômes pour être efficace. Chaque minute perdue cause la destruction d’environ 2 millions de neurones. La trombolyse diminue le risque de survenue d’un handicap sévère suite à l’AVC d’environ 30%.
  • Dans certains cas, une thrombectomie mécanique peut être pratiquée. Cette intervention consiste à retirer le caillot à l’aide d’un dispositif introduit dans une artère, généralement au niveau de l’aine, puis guidé jusqu’au cerveau. Cette technique est particulièrement efficace, mais reste réservée aux cas les plus graves et nécessite un plateau technique très spécialisé. Ce traitement est effectué en association à la thrombolyse ou seul en cas de contre-indication à la thrombolyse. Il peut être utilisé jusqu’à 6 heures après l’AVC et quelques données de la littérature scientifique indiquent son bénéfice jusqu’à 24h après l’AVC.

Prise en charge : un parcours à améliorer

Malgré les progrès réalisés, la prise en charge de l’AVC en France présente encore des disparités. Si les grands centres urbains disposent de structures spécialisées comme les unités neurovasculaires (UNV), ce n’est pas le cas partout sur le territoire. L’accès inégal à ces structures, notamment en milieu rural, est un enjeu majeur. De plus, la reconnaissance des premiers signes de l’AVC par le grand public reste insuffisante, retardant souvent l’arrivée des secours.

AVC et précarité : une double peine !

Les personnes en situation de précarité sont non seulement plus à risque de faire un AVC, mais elles subissent aussi une moins bonne prise en charge. Accès limité aux soins, retard dans les traitements, suivi médical insuffisant. Les inégalités sociales aggravent les conséquences de l’AVC, pourtant chaque minute compte ! Pour sauver des vies, il faut agir dès maintenant contre ces inégalités.

Séquelles : un combat pour la réhabilitation

Les séquelles de l’AVC varient en fonction de la zone du cerveau touchée et de la rapidité de l’intervention.

  • Elles peuvent aller de la paralysie d’un côté du corps à des troubles du langage,
  • En passant par des problèmes cognitifs ou des altérations de la vision.
  • Près de deux tiers des survivants d’un AVC gardent des séquelles à vie, nécessitant une rééducation longue et parfois incomplète.

La rééducation post-AVC est cruciale pour maximiser les chances de récupération, mais elle reste inégalement accessible. Le manque de professionnels spécialisés en réadaptation neurologique et les délais d’attente pour obtenir des soins adaptés sont des problématiques récurrentes. Une meilleure coordination entre les différents acteurs de la prise en charge, de l’hôpital au centre de rééducation, est nécessaire pour améliorer les résultats.

Traitements du futur : vers des solutions innovantes

La recherche sur l’AVC est en pleine effervescence, avec des innovations prometteuses à l’horizon.

Parmi elles,

  • L’utilisation de cellules souches pour réparer les tissus cérébraux endommagés est une piste sérieuse. Bien que les essais cliniques soient encore à un stade précoce, les premiers résultats sont encourageants.
  • De nouveaux outils d’imagerie pour cibler des nouvelles thérapies au lieu même où se forment les caillots sanguins à l’origine des AVC ischémiques afin d’ assurer une meilleure oxygénation du cerveau en souffrance et de limiter les séquelles consécutives à un AVC.
  • L’intelligence artificielle (IA) joue un rôle croissant dans la détection et le traitement de l’AVC. Des algorithmes capables d’analyser les images médicales en temps réel pourraient permettre un diagnostic plus rapide et plus précis, facilitant ainsi l’orientation des patients vers les traitements les plus adaptés.

    Denis Vivien
    Découvrez le projet de recherche du Professeur Vivien spécialiste de l’AVC
    lauréat du Prix Danièle Hermann 2024

Un combat collectif pour sauver des vies

L’AVC reste un défi majeur en termes de santé publique en France, tant par son incidence élevée que par les séquelles qu’il engendre. Si les traitements actuels sont efficaces, ils nécessitent une intervention extrêmement rapide, ce qui pose des défis logistiques et organisationnels. L’amélioration de la prise en charge des patients, l’accès à des soins de rééducation spécialisés et le développement de nouvelles thérapies sont des priorités pour les années à venir.

La mobilisation des pouvoirs publics, des professionnels de santé, et de la recherche est essentielle pour réduire l’impact de l’AVC et offrir aux patients des perspectives de rétablissement toujours plus optimistes. Avec des avancées prometteuses à l’horizon, l’espoir de vaincre cette maladie dévastatrice grandit chaque jour.

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Sources :

  • https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-cardiovasculaires-et-avc/accident-vasculaire-cerebral-avc/article/qu-est-ce-que-l-avc
  • https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-cardiovasculaires-et-accident-vasculaire-cerebral/accident-vasculaire-cerebral
  • https://www.inserm.fr/dossier/accident-vasculaire-cerebral-avc/
  • https://hopitaux-paris-sud.aphp.fr/avcparissud/quest-ce-que-la-thrombolyse/
  • https://www.fo-rothschild.fr/patient/actes-medicaux/thrombectomie-mecanique