Pourquoi les femmes sont-elles moins bien soignées que les hommes ?
En mars 2019 et en écho à la journée de la femme, la chaîne LCP recevait dans le cadre de l’émission « Etat de santé » Marlène Schiappa, La secrétaire d´État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.
L’occasion de revenir sur l’accès aux soins des femmes françaises et de constater que celles-ci sont souvent moins bien soignées que les hommes et notamment concernant la prise en charge des maladies cardio-vasculaires. Une inégalité qui se renforce dans certaines régions devenues des déserts médicaux.
Un constat inégalitaire aussi attristant qu’étonnant alors que nous sommes en 2019. Bien entendu, il serait déplacé d’incriminer les médecins et de les accuser à tort de sexisme mais force est de constater que le corps médical comme la population dans son ensemble évoquent davantage la dimension psychosomatique face à une patiente que face à un patient. En cause certaines idées préconçues bien ancrées dans l’inconscient collectif laissant croire que les femmes sont émotionnellement plus fragiles que les hommes. Or, cette idée de la femme émotive entraîne des retards dans la prise en charge de la douleur d’autant que l’on sait aujourd’hui les femmes davantage résistantes face à la douleur.
Cette inégalité des soins se retrouve à toutes les étapes de la chaîne de santé. En effet dès les premiers travaux menés en recherche fondamentale les expérimentations sont faites sur des animaux mâles et leurs résultats seront ensuite appliqués aux femmes. De même, les études cliniques sont massivement menées sur des populations masculines et là encore les femmes sont les laissées pour compte. C’est donc tout naturellement que les médicaments testés sur les hommes seront ensuite prescrits aux femmes alors que celles-ci sont soumises à des cycles hormonaux qui devraient inciter à une prise en charge spécifique et à des dosages adaptés.
Enfin, c’est jusque dans les couloirs des hôpitaux que se poursuit cette inégalité et certains infarctus ne sont pas détectés à temps chez la femme qu’il est plus commode de classer dans la catégorie des angoissées chroniques. Une inégalité corroborée par les actes car à gravité similaire un électrocardiogramme est proposé à 38% des hommes, contre moins de 30% des femmes. En cas d’infarctus avant 50 ans, le taux de mortalité est deux fois supérieur à celui des hommes. Et après 65 ans, leur risque de décéder dans l’année qui suit s’élève à 42%, contre 24% chez les hommes. Cette prise en charge tardive pourrait aussi s’expliquer par les symptômes féminins différents de ceux des hommes.
Alors que nous militons depuis des années pour faire connaître notre combat pour le cœur des femmes et pérenniser ainsi l’engagement de Danièle Hermann qui fut la première femme en France à évoquer ce sujet de Santé Publique, nous formons le vœu que la prise en charge du cœur des femmes devienne une prise de conscience collective sur le long terme car la journée de la femme ne se limite pas à la date du 8 mars. En effet, c’est toute l’année que doit battre le cœur des femmes.
Retrouvez en intégralité sur LCP l’émission « Etat de santé » consacrée à la prise en charge de la santé des femmes : http://www.lcp.fr/emissions/etat-de-sante/290107-etat-de-sante
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