La recherche pour le cœur des femmes
Projet de recherche du Professeur Pierre Emmanuel Morange sur la maladie thromboembolique veineuse
Le Professeur Pierre Emmanuel Morange est le lauréat 2019 de la bourse de recherche du Programme « Danièle Hermann-coeurs de femmes ». La bourse qui lui est allouée est d’un montant de 30 000 euros et elle est financée par notre partenaire Mixa.
Détail du projet de recherche :
La contraception orale combinée (COC) utilisant des oestroprogestatifs est la méthode contraceptive la plus répandue en France avec plus de 4 millions d’utilisatrices. Cette méthode peut s’accompagner de complications cardio-vasculaires à type de phlébite et d’embolie pulmonaire (thromboses).
On recense 2500 thromboses chaque année en France et 20 décès en lien avec l’utilisation des COC !
Aucun outil ne permet à ce jour d’identifier efficacement les femmes qui risquent de développer ces complications. Les mécanismes physiopathologiques sont méconnus. De nombreux facteurs génétiques ont été identifiés comme favorisant la survenue de thromboses en population générale. Il est probable que des facteurs génétiques particuliers, encore non identifiés, participent spécifiquement à la survenue des thromboses chez les femmes sous COC.
Le Professeur Pierre-Emmanuel Morange et son équipe proposent de réaliser une étude génétique dans une population de femmes sous COC. Les caractéristiques génétiques des femmes ayant présenté une thrombose sous COC seront comparées à celles des femmes asymptomatiques sous contraception. Les variants génétiques les plus fréquemment retrouvés chez les femmes victimes de complications thrombotiques seront ensuite testés dans une seconde étude comportant également des femmes sous COC ayant ou non thrombosé. Cette étape dite de réplication permettra de confirmer les résultats obtenus au cours de la première étape. L’objectif de cette étude est ainsi de mettre en évidence des facteurs génétiques prédisposant à la survenue des épisodes thrombotiques chez les femmes sous COC.
L’identification des femmes à risque constituera une aide à la prescription des contraceptifs oraux et permettra ainsi d’identifier les femmes à qui une méthode contraceptive alternative devra être proposée. Les résultats de l’étude du Professeur Pierre-Emmanuel Morange et de son équipe devraient contribuer à diminuer le nombre de complications thrombotiques et de décès chez les femmes sous COC.
La parole au Professeur Pierre-Emmanuel Morange
Qu’est-ce qui vous a décidé à choisir la recherche et en quoi est-ce une passion pour vous ?
Dès le début de mes études de Médecine je me suis passionné pour la physiopathologie en général et plus particulièrement pour celle des maladies cardio-vasculaires. La frustration que j’ai ressentie en me rendant compte du nombre de questions encore non-résolues m’a conduite à essayer d’en résoudre quelques-unes par moi-même.
En quoi cette bourse sera-t-elle utile à vos recherches * ?
Cette bourse sera fondamentale afin de poursuivre nos recherches dans ce domaine. Elle donnera la possibilité à mon équipe et à celle de David Tregouet (chercheur à l’Université de Bordeaux), avec qui je collabore dans ce domaine depuis plusieurs années, de générer de nouvelles données génétiques tout à fait originales dans notre cohorte de patientes et ainsi d’identifier de nouveaux facteurs de risque de thrombose chez la femme sous pilule.
Quels sont selon vous les grands combats à mener dans le domaine de la recherche pour le cœur des femmes ?
Dans le cadre de la maladie thromboembolique veineuse, je pense qu’il existe un grand combat à mener en particulier chez les femmes jeunes. D’une part, il est nécessaire de sensibiliser les médecins au diagnostic d’embolie pulmonaire chez la femme jeune qui prend la pilule. D’autre part, chez ces jeunes patientes qui ont présenté une phlébite ou une embolie pulmonaire, la prise en charge thérapeutique peut s’avérer complexe en raison des effets secondaires du traitement anticoagulant. On constate en effet fréquemment des saignements gynécologiques en cours de traitement chez la femme jeune (règles abondantes). Il existe donc un véritable enjeu dans la gestion du traitement anticoagulant chez ces patientes pour s’assurer de la bonne observance de ce dernier. Il faut rappeler que seul un traitement anticoagulant bien conduit permet de prévenir la récidive.