Plongée dans l’apnée du sommeil : noyade silencieuse du cœur

Dans le silence nocturne, alors que le monde semble s’endormir, des millions de personnes se lancent dans une bataille invisible, une lutte contre leur propre souffle. L’apnée du sommeil, un trouble souvent sous-estimé mais potentiellement dévastateur, prend d’assaut les heures de repos, laissant derrière elle un sillage de risques cardiovasculaires.

Qu’est-ce que l’apnée du sommeil ?

Imaginez-vous glisser lentement dans les profondeurs du sommeil, alors que votre souffle se fait plus léger. Soudain, votre respiration s’interrompt, une pause insidieuse qui peut durer des dizaines de secondes. C’est là que réside le cœur de l’apnée du sommeil. Ce trouble, caractérisé par des pauses respiratoires récurrentes pendant le sommeil, peut sembler anodin au premier abord, mais ses conséquences sont loin d’être insignifiantes. Elles entrainent des micro-réveils incessants dont le patient n’a pas conscience. Il en résulte des somnolences diurnes, des difficultés de concentration ou de mémoire.

Quels sont les facteurs de risque ?

Les principaux facteurs de risque de l’apnée du sommeil sont :

Le vieillissement
(30,5% des personnes de plus de 65 ans sont concernées par l’apnée du sommeil)
L’obésité.

Avec l’âge, les voies respiratoires deviennent moins souples, augmentant le risque d’obstruction. De même, l‘accumulation de graisse autour du pharynx due à l’obésité restreint le passage de l’air. Bien que les hommes soient plus susceptibles de développer ce trouble que les femmes, cette différence diminue après la ménopause. En outre, des facteurs anatomiques tels qu’une petite mâchoire et une prédisposition génétique, avec un parent atteint d’apnée du sommeil, peuvent également contribuer à la susceptibilité individuelle.

Le bras de fer avec le cœur :

Les conséquences de l’apnée du sommeil vont bien au-delà des simples ronflements ou des nuits agitées. Les chercheurs ont établi un lien étroit entre l’apnée du sommeil et les problèmes cardiovasculaires. En effet, chaque pause respiratoire met le cœur sous pression, perturbant le flux sanguin et privant le corps d’oxygène vital. Cette tension répétée peut entraîner :

Une augmentation de la pression artérielle
Un rythme cardiaque irrégulier
Une athérosclérose
Un diabète de type 2

Ces différentes complications augmentent le risque d’accident cardiovasculaire de type arrêt cardiaque, infarctus du myocarde, AVC et exposent à un risque de décès prématuré.

Un appel à l’action :

Face à ces dangers pour le cœur, l’importance de diagnostiquer et de traiter l’apnée du sommeil ne doit pas être sous-estimée. Pourtant, de nombreuses personnes souffrant de ce trouble restent non diagnostiquées sans se rendre compte du danger cardiovasculaire qui les guette. Les experts exhortent donc à une vigilance accrue, à une sensibilisation généralisée et à un dépistage précoce.

Lumière dans l’obscurité :

Malgré les troubles associés à l’apnée du sommeil, il existe de l’espoir.

Des traitements efficaces peuvent être proposés tels que :

La pression positive continue (PPC). Elle implique l’utilisation d’un appareil qui fournit un flux d’air constant pour maintenir les voies respiratoires ouvertes pendant le sommeil. Cela peut réduire les épisodes d’apnée et améliorer la qualité du sommeil.
Des dispositifs dentaires spéciaux (il s’agit d’un appareil amovible, moulé sur les mâchoires du patient, qui se porte la nuit et permet d’avancer la mâchoire de quelques millimètres pour étirer le pharynx) qui peuvent souvent atténuer les symptômes et réduire les risques cardiovasculaires.
De plus, des changements de style de vie peuvent également contribuer à améliorer la qualité du sommeil et à réduire les complications cardiovasculaires.
Perdre du poids
Une réduction de 10 à 15% de son poids initial réduit nettement la sévérité des apnées du sommeil.
Eviter l’alcool, les excitants
Arrêter de fumer

Dans l’obscurité de la nuit, l’apnée du sommeil se faufile silencieusement, menaçant la santé cardiovasculaire de millions de personnes à travers le monde. Mais avec la sensibilisation, le dépistage précoce et un traitement approprié, il est fort heureusement possible de la prendre en charge. Si vous pensez être sujet à l’apnée du sommeil parlez en à votre médecin.