Le cœur des femmes
Quels symptômes et quelle prévention ?
QUELS SONT LES SYMPTOMES DES MALADIES CARDIO-VASCULAIRES CHEZ LES FEMMES ? COMMENT LES DISTINGUER ?
Devenue une priorité de santé publique en Europe par la mortalité qui y est associée, la maladie cardio-vasculaire féminine reste cependant très méconnue en termes de symptômes et notamment par les femmes elles-mêmes. Une méconnaissance généralisée à l’origine d’un retard de prise en charge pour des raisons diverses.
– Douleur thoracique autre voire absente en particulier chez la femme diabétique,
– Angor moins significatif,
– Diagnostic hospitalisation et accès à la chirurgie cardiaque souvent retardés,
– Apparition plus tardive du premier événement cardio-vasculaire,
D’autre part, en percevant confusément tous ces signaux d’alerte souvent localisés à d’autres endroits que chez les hommes (épaule épigastrique ou abdominale 15% vs 7% chez l’homme) les femmes les minimisent et n’envisagent pas la survenue d’une maladie cardio-vasculaire pas plus que les médecins généralistes.
Cependant, la douleur du thorax chez la femme comme chez l’homme reste le symptôme le plus courant nécessitant un avis médical en urgence surtout en présence de facteurs de risques cardio-vasculaires.
Une douleur thoracique pouvant prendre d’autres formes telles que :
– Des suées,
– Des nausées ou des vomissements,
– Des sensations d’anxiété, de malaise inexplicable,
– Des palpitations, le pouls qui s’accélère,
– La perte d’appétit et une grande fatigue soudaine
– Ou un essoufflement soudain sans effort particulier.
Un ensemble de symptômes pouvant être associés à tort à de l’anxiété ou de l’arthrose et retardant les secours d’urgence. De même, alors que présentant des troubles importants les femmes restent considérées à risque inférieur et ont moins accès aux examens, aux soins ou encore bénéficient de traitement trop faiblement dosés alors que la pathologie est diagnostiquée en phase aigüe ou chronique.
A ce jour, la recherche clinique a été faite principalement autour du cœur masculin et il n’existe pas – hormis pour l’HTA – de traitements spécifiques au cœur féminin alors que la réponse physiologique de la femme aux molécules semblerait différente.
QUELLE PREVENTION EFFICACE ET PRECOCE POUR LE CŒUR DES FEMMES ?
Face à cette épidémie, le dépistage précoce chez toute femme présentant des facteurs de risques doit être proposé ainsi qu’un test d’effort à celles souhaitant reprendre une activité sportive après 45 ans même si les résultats de ce test semblent moins éclairants chez les femmes que chez les hommes et qu’il conviendrait de prescrire d’avantage une échographie cardiaque, l’IRM de stress ou le scanner coronaire ou plus encore de systématiser le dépistage de l’hypertension artérielle lors des 3 grands bouleversements hormonaux féminins.
Soumises à diverses pressions personnelles et familiales les femmes hésitent également trop souvent à suivre des séances de rééducation à la suite d’une intervention relative à un accident cardio-vasculaire. Face à ce constat, la prévention la plus pragmatique est donc d’orienter les femmes vers une mode de vie sain associé à :
– L’activité physique,
– La non consommation de tabac
– La faible consommation d’alcool (2 unités par jour)
– Une alimentation moins salée..
Parmi les recommandations importantes, celles relatives :
– A la fumeuse de plus de 35 ans qui doit cesser la prise de tout contraceptif,
– Le maintien d’une HbA1c <7% pour les diabétiques
– Et la prescription d’anxiolytiques ou antidépresseurs chez les femmes déprimées car la dépression favorise l’apparition des risques cardio-vasculaires.
De même, alors que certains traitements préventifs comme l’administration quotidienne de l’aspirine dans le cadre de l’infarctus du myocarde chez la femme de moins de 65 ans ne sont plus recommandés aujourd’hui, les recommandations relatives au traitement substitutif de la ménopause font l’objet de nouvelles évaluations notamment concernant la prévention primaire cardio-vasculaire.
Comme le soulignent les directives scientifiques américaines et européennes, il est donc plus qu’urgent que des études spécifiques soient mises en place pour le cœur des femmes tant concernant la pharmacologie que l’épidémiologie.
On peut parler de priorité de santé publique